HISTORIQUE SUR LE CORNET A PISTONS
...en italien Cornetto, en allemand Klappen-Flugenhorn
(Toutes les photos sont signées Jean-Claude Vieillefond)
Le cornet à pistons apparut, dérivant
de l'ancien petit cor de postillon, peu avant 1830, quand Halary construisit
un cor de poste auquel il incorpora d'abord deux puis trois pistons (parfois
même plus). Ces adjonctions modifièrent évidemment son aspect.
L'accord normal du cornet était sib (souvent ut). Sa perce (plus petite
que le cor) et sa taille (plus conique que la trompette) le rendaient plus facile
et plus souple à jouer que la trompette. Cela limitait également
le risque de faire des couacs
dans l'aigu
par rapport à la trompette (de l'époque). Mais bien que le timbre
du cornet à pistons ait été universellement décrit
comme moins noble et moins décidé (il était "en horreur" à Richard Strauss),
il était beau, doux et agréable. C'est Jean-Baptiste Arban, un
des pionniers du cornet à pistons, qui tenta, en vain, de le faire accepter
comme instrument "noble".
Rapidement, le nouvel instrument
s'imposa dans la musique militaire et surtout parmi les virtuoses de salon.
Dauverné (professeur au CNSM de Paris) l'appelle " l'âme du
quadrille". Presque partout (en France, en Belgique, en Angleterre et au
USA), le cornet a menacé l'existence même de la trompette. Sans
doute sa sonorité était-elle moins noble mais il était
plus facile d'en jouer. Vers 1875 en Angleterre, Harper fils avait même
manifesté son inquiétude à cet égard. L'emploi du
cornet à pistons a eu deux aspects positifs. D'une part, l'art du soliste
a été remis en honneur, car, depuis le début du siècle,
la trompette n'avait plus été utilisée qu'au sein de l'orchestre.
Les rares concerti de trompette qu'ait laissés le 19°siècle
ne sont que des exception qui confirment cette règle. D'autre part, le
cornet à pour ainsi dire obligé la trompette à se moderniser,
en ceci qu'elle a adopté, elle aussi, l'accord de sib.
Des
générations de virtuoses se succédèrent comme L.
A. Saint-Jacome (1830-1898), Jules Levy (1838-1903) et Alessandro Liberati (1847-1927).La
seconde génération comporte avant tout Herbert L. Clarke _ci-contre_(1867-1945)
qui découvrit puis enseigna vers 1906 la respiration diaphragmatique.
Autre cornettiste de cette époque: l'étonnant Bohumir Kryl (1875-1961),
qui était connu pour les notes graves du "registre de pédale".
De la troisième génération, citons les anglais Jack Mackintosh
(né en 1891) et George Swift, ainsi que l'américain Del Staigers
(1899-1950). Le répertoire de ces solistes se composait d'innombrables
pièces relevant toutes d'une seule forme musicale: thème et variations.
Malgré toutes ces générations
de virtuoses exceptionnels (il en reste actuellement dans les fameux Brass Band
anglais, suisses et autres), cet instrument ne s'imposa jamais vraiment dans
l'orchestre "classique" symphonique, probablement à cause de
sa sonorité. Les musiciens qui choisissent d'en jouer sont ainsi injustement
maintenus dans une subculture musicale. Actuellement il n'existe pour ainsi
dire plus de cornettistes professionnels. Ce sont les trompettistes qui en jouent
lorsqu'il en faut. Pour en savoir plus sur le parcours de Jean-Baptiste Arban,
grand Maître et pionnier du cornet à pistons cliquez sur sa photo
ci-contre.
Merci a Monsieur Vieillefond pour ses photos.
Si vous avez des documents, des ouvrages, des photos ou des suggestions sur le cornet n'hésitez pas à m'en faire part.